Les dirigeants français face à de nouveaux équilibre : l’IA s’installe, les talents se raréfient, la durabilité s’affirme
Selon la dernière édition du rapport State of Design & Maked’Autodesk, les dirigeants français évoluent dans un contexte exigeant, marqué par l’incertitude géopolitique, l’inflation, la pénurie de talents et l’adoption de technologies émergentes comme l’IA. La dernière édition du rapport State of Design & Make d’Autodesk révèle trois dynamiques fortes en 2025 :
- L’IA entre dans une phase de consolidation stratégique : 67% des dirigeants français pensent qu’elle améliorera leur secteur (vs 75% en 2024), mais ils sont de plus en plus nombreux à en percevoir aussi les risques.
- La pénurie de talents devient un frein majeur à la croissance : 54% des décideurs évoquent un manque de compétences comme principal obstacle, et les profils IA figurent parmi les plus recherchés (39%).
- La durabilité reste au cœur des stratégies : 97% des entreprises poursuivent leurs engagements, et 33% utilisent désormais l’IA pour améliorer leur performance environnementale (vs 29% en 2024).
Un climat d’incertitude
En France, 68% des dirigeants estiment que le paysage mondial est désormais plus incertain (vs 63% en EMEA, 65% au global). La confiance chute fortement : seuls 56% des chefs d’entreprise français se disent prêts à faire face à des événements imprévus, contre 70% en 2024. Ce chiffre masque une forte disparité selon la maturité numérique : 66% des entreprises matures se sentent prêtes, contre seulement 44% des moins avancées.
Maîtrise des coûts et technologies : une double priorité
La maîtrise des coûts reste la priorité stratégique n°1 pour les dirigeants français, citée par 33 % d’entre eux. L’obstacle principal à la transformation numérique reste également le coût, mentionné par 43 % des répondants (contre 35% en 2024).
La transformation numérique reste un levier de résilience essentiel. 67% des dirigeants d’entreprises numériquement matures affirment qu’elle a renforcé l’attractivité et la rétention des talents, contre 56% des moins matures. Ces entreprises sont aussi plus nombreuses à lancer de nouveaux services et à se projeter vers de nouveaux marchés (71% vs 57%).
IA : une confiance en repli mais des applications concrètes en hausse.
Alors que l’IA continue de s’installer dans les pratiques des entreprises françaises, les dirigeants adoptent une posture plus mesurée face à son potentiel. En 2025, 67% d’entre eux estiment que l’IA améliorera leur secteur, contre 75% en 2024 – un recul notable, et légèrement en dessous de la moyenne mondiale (69%).
Malgré ce recul de l’enthousiasme initial, les entreprises françaises continuent d’investir dans l’IA avec pragmatisme : 65% des dirigeants prévoient d’augmenter leurs budgets en la matière (contre 67% en EMEA et 68% à l’échelle mondiale). Une dynamique portée en particulier par les entreprises numériquement matures : 73% d’entre elles annoncent une hausse de leurs investissements, contre 55% dans les structures moins avancées. Loin d’un effet de mode, l’IA s’inscrit dans une stratégie plus mature, tournée vers l’efficacité, la durabilité et la résilience.
Enfin, si 42% des répondants déclarent avoir atteint ou être proches de leurs objectifs en matière d’IA (contre 56 % en 2024), cette phase d’ajustement traduit aussi un passage à des usages plus ciblés, alignés sur les priorités opérationnelles et stratégiques des entreprises.
Tensions RH : pénurie croissante et montée en puissance des compétences IA
La question des talents s’impose comme un enjeu central pour les dirigeants français en 2025. 54% déclarent que le manque d’accès à des profils qualifiés constitue un obstacle à la croissance de leur entreprise – un chiffre en forte progression par rapport à 2024 (35 %) et proche des tendances observées à l’échelle mondiale (58%) et en EMEA (55%).
Face à cette tension, les entreprises les plus matures sur le plan numérique se démarquent par une politique RH plus proactive. 68% d’entre elles comptent investir davantage dans la formation numérique (contre 60% des moins avancées), et 70% prévoient de mettre en œuvre des programmes de formation continue (contre 63%).
Ces efforts portent leurs fruits : 21% des entreprises matures affirment que leur transformation numérique a eu un impact positif sur l’attractivité et la fidélisation des talents, contre 16% seulement dans les structures moins avancées.
Côté recrutement, les compétences les plus recherchées reflètent l’évolution des priorités technologiques :
- 39%des dirigeants français privilégient la capacité à mettre en œuvre ou travailler avec l’IA
- 34%citent la connaissance de la sécurité et de la protection des données,
- 31%valorisent la gestion de projets numériques.
Des investissements ralentis mais ciblés
60% des entreprises françaises déclarent vouloir augmenter leurs investissements globaux (contre 79% en 2024), et 65% envisagent d’entrer sur de nouveaux marchés (contre 75%). Les entreprises numériquement matures sont plus confiantes à ce sujet : 73% d’entre elles prévoient d’augmenter leurs investissements futurs, contre 45% des moins matures.
Durabilité : un engagement fort, une rentabilité perçue plus long terme
La durabilité reste un engagement prioritaire pour les entreprises françaises : 97% poursuivent activement leurs actions en la matière, un chiffre stable par rapport à 2024. Cependant, seules 64% d’entre elles considèrent encore la durabilité comme un levier à court terme (contre 75% l’an dernier), et 72% y voient un atout à long terme (contre 83%), traduisant une évolution vers une vision plus stratégique que strictement immédiate.
Les entreprises les plus matures sur le plan numérique se montrent plus optimistes et engagées : 72% estiment que leurs initiatives en matière de développement durable renforcent leur attractivité RH, et 68% prévoient d’augmenter leurs investissements durables (contre 50% dans les entreprises moins avancées).
Par ailleurs, l’intelligence artificielle apparaît de plus en plus comme un levier concret au service de la transition écologique. En France, 33% des dirigeants déclarent utiliser l’IA pour améliorer leur performance durable, en progression continue (contre 29% en 2024 et 24% en 2023). Ce chiffre grimpe à 36% dans les entreprises digitalement matures, contre 30% dans les moins avancées.