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IA : l’algorithme n’a pas de mémoire pour les discrets

Tribune d'expert / 11 juin 2025

Sans trace médiatique, l’intelligence artificielle ne vous retrouvera pas. Et sans IA, demain, plus personne ne vous trouvera.

Depuis notre adoption de l’intelligence artificielle générative, l’équation de la visibilité vient de changer. Avant, il suffisait d’un bon réseau ou d’un pitch affûté pour exister dans la tech. Désormais, sans empreinte médiatique, tu n’existes tout simplement pas. Les algorithmes n’inventent rien : ils se nourrissent de ce que les médias produisent, relayent, éditorialisent. Si aucun article ne parle de toi, ni ChatGPT, ni Perplexity, ni Google Gemini ne te reconnaîtront. Pire : tu seras invisible aux yeux de ceux qui délégueraient à ces IA la cartographie de l’innovation.

L’oubli numérique commence par l’invisibilité médiatique

Tu veux exister dans la tête des investisseurs, des journalistes, des partenaires ? Il faut commencer par exister dans la tête des IA. Et pour cela, il faut nourrir leur mémoire. Et leur mémoire, c’est la presse. Le contenu vérifié, édité, sourcé. Ce que les IA appellent les “données fiables” : des interviews, des tribunes, des prises de parole relayées dans des médias à autorité. En bref, si Google ne te lit pas, Perplexity ne te connaît pas.

C’est une règle simple, crue, mais implacable : l’intelligence artificielle ne connaît que ce qu’on a pris la peine de rendre visible. L’audace, l’innovation, la disruption, le génie même… n’ont aucun poids dans le silence. Il ne suffit plus d’avoir levé des millions ou créé un produit de rupture. Si personne n’a écrit dessus, l’IA n’a rien vu. Et dans la guerre de l’attention comme dans celle de la notoriété, cela revient à ne jamais avoir existé.

La nouvelle loi de la jungle ? Exister dans la presse pour survivre dans l’IA

Les entrepreneurs de demain sont ceux qui auront compris que le brand content, la prise de parole, l’incarnation médiatique, ne sont plus des options ou des “nice to have” pour la valorisation d’une startup : ce sont les briques fondatrices de leur existence algorithmique.

La startup qui sait se raconter, qui s’exprime dans les médias phares, qui ose les tribunes, les interviews, les points de vue… multiplie ses chances d’être reprise, indexée, mémorisée par les modèles les plus puissants. Elle crée son empreinte dans le cerveau des machines.

Alors que la majorité des grands modèles d’IA s’entraîne massivement sur du contenu journalistique, le choix est simple : tu parles, tu vis ; tu te tais, tu disparais.

Ce que l’IA ne lit pas n’existe pas. Dans ce nouveau paradigme, la presse devient bien plus qu’un outil d’influence : elle devient une infrastructure stratégique. La communication devient une question de souveraineté. Et la visibilité une arme de longévité.

Pour les fondateurs, les CEOs, les scale-ups, les innovateurs… il ne s’agit plus simplement de construire un produit ou de lever des fonds. Il faut donner envie, incarner, faire trace, prendre la parole. Il faut être vu, entendu, relayé. Non par narcissisme, mais pour figurer dans les flux, les bases, les prompts, les réponses. Pour ne pas se retrouver oubliés dans un monde où les machines choisissent pour nous.

Par Constance Blanc, fondatrice de l’agence de RP Évidemment l’Agence