L’intelligence artificielle va-t-elle révolutionner les services de traduction et d’interprétation ?
Ces dernières années, l’utilisation de l’intelligence artificielle s’est fortement développée dans de nombreux secteurs de l’entreprise, afin d’optimiser la production dans différents domaines :
• Simplification des tâches complexes et répétitives pour trouver des gains d'efficacité
• Amélioration de l'efficacité des process afin de diminuer leurs coûts
• Création d’outils pour proposer de nouveaux services
• Analyse et exploitation des données issues du Big Data (mégadonnées)
• Optimisation des campagnes marketing et de l’affichage ciblé
• Renforcement des services clients : chatbots (dialogueurs), assistances virtuelles, etc.
Dans le secteur de la traduction, les professionnels sont déjà familiers avec l’utilisation de logiciels d’assistance, car ils utilisent la TAO depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, le fort développement de l’intelligence artificielle leur ouvre de nombreuses perspectives. Uniquement pour le meilleur ?
Comment l’intelligence artificielle est-elle aujourd’hui utilisée par les professionnels de la traduction ?
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est couramment utilisée par les professionnels de la traduction dans quatre principaux cas de figure :
• La traduction automatique
Son principe : utiliser un logiciel pour traduire une langue dans une autre, afin de permettre aux entreprises de travailler plus vite et de réaliser des économies importantes. L’utilisation de cette technologie est en plein essor chez les professionnels. En effet, les spécialistes prévoient que d’ici 2025 75% des missions des traducteurs humains consisteront en des travaux de post-édition .
• L’interprétariat et le sous-titrage
Lors d’une réunion type assemblée générale ou conférence de presse, l’intelligence artificielle permet, par la reconnaissance vocale, puis par la transcription écrite, suivie de la traduction automatisée et enfin du sous-titrage, de suivre les propos des différents orateurs avec un léger décalage dans la langue de son choix. Dans certains cas, l’ajout d’une voix de synthèse à cette chaîne technologique permet même de se dispenser du sous-titrage.
• La localisation de site Internet
Il est aujourd’hui possible d’intégrer un outil d’intelligence artificielle au CMS d’un site Internet, afin qu’elle traduise très rapidement les descriptions de produits en plusieurs langues.
• Les chatbots d’aide à la clientèle
Fréquemment utilisés pour trier les demandes et questions des utilisateurs, les chatbots intégrant de l’intelligence artificielle peuvent fonctionner en plusieurs langues, apportant ainsi une amélioration significative des contacts d’une marque avec ses clients.
Points forts et points faibles de l’intelligence artificielle aujourd’hui
L’intelligence artificielle permet d’obtenir des traductions extrêmement rapides de volumes importants, de nombreux outils de traduction avec IA étant capables d’effectuer des traductions simultanées de plusieurs textes, dans des langues variées… Si ces méthodes ont l’avantage de diminuer les coûts elles ont encore deux principales limites. La première concerne le manque d’adaptation au lectorat ciblé, car l’intelligence artificielle n’a pas encore la capacité de prendre en compte les codes et usages culturels locaux, le style et l’intention de traduction, alors que ce sont des éléments essentiels pour obtenir des textes adaptés aux publics ciblés et fidèles au texte source. La seconde est relative aux langues rares ou aux dialectes pour lesquels il existe peu de données. Dans de tels cas, l’intelligence artificielle va très souvent devoir utiliser la traduction en anglais comme étape intermédiaire, ce qui pourra générer des erreurs et des incompréhensions importantes.
Les points forts et les points faibles demain
Dans le secteur de la traduction, le remplacement des hommes par l’intelligence artificielle n’est pas pour demain. En effet, sur des contenus techniques, marketing, financiers, juridiques ou médicaux, la moindre erreur ou ambiguïté peut avoir des conséquences préjudiciables, générer des litiges et fortement impacter la notoriété de la société. L’expertise d’un traducteur natif, avec sa connaissance de la culture locale, des us et coutumes, et des subtilités culturelles restent donc indispensables pour avoir la certitude de produire des documents qui atteindront leurs objectifs.
Dans les années à venir, le rôle de l’intelligence artificielle sera sans doute cantonné à la facilitation du travail du traducteur, comme on peut le voir actuellement avec l’émergence d’une méthode hybride : la traduction automatique avec post-édition, qui consiste à allier la performance de l’intelligence artificielle au savoir-faire humain.
L’intelligence artificielle n’est donc pas une baguette magique ni un ennemi pour les traducteurs. Par contre, lui réserver une place de choix dans leur « trousse à outils » me parait être la bonne attitude à avoir dans les années qui viennent.
Par Alban Bilgorai, responsable du développement de The Translation People