OK Google : « Propose-moi une pizza et un tracteur d’occasion »
Google a annoncé récemment (en résumé) la fin du moteur de recherche traditionnel, le décès inopiné de la liste de résultats et l’arrivée sur les fonts baptismaux de l’Age de l’Assistance.
Comprenons bien la différence. Jusqu’à présent, si nous tapons « pizza » ou « tracteur » par exemple, nous obtenons une liste de résultats et nous choisissons nous-mêmes. C’est également le cas lors d’une interrogation vocale ; si la modalité de recherche diffère quelque peu le résultat est identique : une liste s’affiche.
Il serait donc possible dans un future proche de demander à l’intelligence du moteur de faire un choix à notre place, de savoir que nous préférons les « margaritas » ou « les hawaïennes » parce qu’il aura déjà constaté et appris dans des expériences de navigation précédentes que nous cliquons plus sur l’une ou l’autre ; il nous adressera également les offres de tracteurs disponibles dans des concessions locales, à proximité de notre domicile ou de notre travail, et non à l’autre bout du pays.
Par ailleurs, si la recherche est vocale et qu’il n’est pas nécessaire d’afficher une liste, la taille de l’écran devient moins critique. Et quitte à s’adresser à un objet, celui à qui on parle le plus facilement, c’est encore son mobile.
Cette évolution a donc un impact qui n’est pas anodin.
Ainsi en termes d’évolution technologique, il faudra que tout aille encore plus vite. Attendre 2 ou 3 secondes pour que la page de site s’affiche est déjà difficile pour l’utilisateur mais celui-ci sera encore moins patient s’il pose sa question entre deux portes, en faisant le repassage, le goûter des enfants…
Cela implique donc une quantité considérable de data pour que l’IA sache fournir une réponse appropriée : localisation, contexte, historique de navigation ou d’achat. Sur un assistant domestique comme Google Home ou Echo, l’assistant d’Amazon, il est en outre impératif qu’il reconnaisse quel membre de la maisonnée s’adresse à lui : mon fils de 4 ans n’attend pas la même chose que moi d’un tracteur.
Les annonceurs, les e-commercants, les « offreurs » du web au sens large devront eux aussi assortir leurs produits de beaucoup plus d’éléments d’informations, un nombre conséquent de méta données seront destinées à aider l’IA du moteur à faire le bon choix, y compris des données en quasi temps réel qui ne peuvent être fournies que dans un flux (la disponibilité en magasin, les promos, les tailles en stocks…).
Il va falloir aussi intégrer à la modalité de réponse une alternative systématique à l’image puisque rien ne garantit qu’une requête vocale donne lieu à un affichage. C’est un point important quand on connaît l’essor de Google shopping, et quand on sait le poids de l’attractivité des visuels dans ce système hautement rentable.
Il est probable qu’une des possibilités alternatives à terme sera de « dématérialiser » l’affichage, d’aller vers la réalité augmentée ou virtuelle. Celles-ci auront de surcroît le mérite d’amener un plus dans l’attractivité des produits.
L’utilisateur va également devoir apprendre à changer ses habitudes. Il sera impératif qu’il fasse confiance. Moins il choisira par lui-même, plus il faudra qu’il pense que l’assistant choisit au mieux de ses intérêts.
En échange, il sera probablement aussi moins distrait dans ses choix par la pub, notamment dans le cadre d’une réponse vocale. Mais la place de celle-ci va forcément beaucoup évoluer. Etre LA réponse la plus pertinente deviendra encore plus important… primordial même ! Pas le deuxième ou le troisième choix… LA REPONSE !
Finalement, la fameuse position zéro qui a tant défrayé la chronique ces derniers temps préfigure parfaitement cette nouvelle dynamique : Google ne nous emmène plus dans les magasins, il va faire les courses pour nous.
Cela enlève beaucoup d’importance à la décoration de la boutique… mais cela en donne davantage à la qualité du produit et à sa promotion.
Par Richard Strul, CEO de Resoneo