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« L’événementiel contient la capacité de rebond de l’économie française »

Pour Patrice Begay, directeur exécutif et de la communication de Bpifrance, l’Etat, en proposant le PGE et le chômage partiel, a été généreux avec les Français. Reste que selon lui, la filière événementielle, fondatrice de lien social, a besoin d’un nouveau coup de pouce pour se relever. A condition qu’elle parvienne elle-même à se réinventer.   

Ce n’est une surprise pour personne : la crise sanitaire provoquée par le Covid-19 a touché le secteur de l’événementiel de plein fouet. « Le secteur est en arrêt cardiaque », indique même Patrice Begay. Le directeur exécutif et de la communication de Bpifrance le précise : ce sont 400 000 emplois qui sont directement touchés : les agences, les théâtres, les traiteurs…

Alors, pour tenter d’atténuer les effets de la crise, ont été déployées il y a plus d’un mois diverses mesures d’urgence. A commencer par le Prêt Garanti par l'Etat (PGE). Un prêt qui concerne les sociétés de toute taille et de tout secteur d'activité, par ailleurs. « Il est un gage essentiel de solidarité en cette période de crise, justifie Patrice Begay. La preuve que nous devons être solidaires et non solitaires et que nous devons croire en l’union sacrée ». Incontestablement, ce dispositif d’urgence fonctionne plutôt bien. Selon le directeur de la communication de la banque publique, près de 300 000 demandes de prêts ont déjà été pré-accordées.

Le rôle économique et social majeur de l'événementiel

Reste que si ce « pont de cash aérien » accordé aux entreprises est nécessaire pour éviter l’effondrement de l’économie, il doit aussi s'appuyer sur la filière événementielle pour fonctionner. « La filière évènementielle a un rôle social et économique majeur à jouer, explique-t-il. Elle contient la capacité de rebond de l’économie française : elle engage du lien, de la relation. Il est donc impossible de reconstruire le monde d’après sans cet acteur incontournable déclencheur de relations humaines. » Au-delà de ce constat encourageant et volontaire envers la filière, le directeur exécutif de la banque d’investissement table aussi sur une prise de conscience de la profession. « Il est désormais indispensable de se montrer agile et de savoir se réinventer. Il y en a qui attendent une bouée de sauvetage alors qu’il faut apprendre à nager, à crawler même. Travailler sur la nouvelle France plutôt que sur la défense des acquis. Il faut en finir avec la France vermoulue, corporatiste et tournée vers le passé et demeurer tous ensemble pour reconstruire l’événementiel français. »

Patrice Begay ne mâche pas ses mots. Mais dans cette situation, l’homme, sur tous les fronts, se construit une carrure de meneur d’hommes et motive les foules : « La solution, c’est de se retrousser les manches : ça fait plus de six semaines que les agences travaillent 15 heures par jour et six jours sur sept pour amorcer le changement à une vitesse grand V. Je peux vous l’assurer : elles ne se contentent pas que des aides de l’Etat. » Et quand on lui demande quelles exemples d’initiatives il est en mesure de nous citer, l’homme sourit : « Des exemples, j’en ai pleins mes valises. Je peux vous parler du groupe MK2 qui veut remettre au goût du jour le concept américain des drive-in (cinéma en plein air sans sortir de sa voiture, photo ci-dessous). Ou encore l’agence Win-Win de Christophe Cousin, qui a organisé fin mars le premier e-congrès en multiplex live pour la Société Savante Européenne de Réanimation. Pas moins de 55 000 personnes de 160 pays ont participé à cet événement. Et il ne faut pas oublier le monde du spectacle. Le producteur Philippe Delmas a mis au point un dispositif innovant où l’artiste se produit sur scène en interaction avec un public qui regarde la spectacle à domicile. »

Un plan Marshall de l’événementiel

Pour encourager ce genre de démarches, Patrice Begay va plus loin et propose un plan Marshall de la filière événementielle. « En dépit des donneurs de bonnes leçons et de certains moralisateurs, il est indéniable que Le PGE et le chômage partiel ont montré l’immense générosité de l’Etat, affirme-t-il. En ce qui concerne l’événementiel, il faut aller encore plus loin avec un plan de relance du secteur. » Au centre de ce plan figurent notamment l’exonération des charges patronales jusqu’à la fin 2020, la prolongation pour 18 mois du dispositif d’activité partielle, l’allongement de la durée de remboursement du PGE à 18 mois et la mise en place d’un dispositif législatif permettant le maintien des engagements des différentes partis en cas de report d’un événement : « J’appelle d’ailleurs la profession à reporter les événements et non les annuler », ajoute-t-il. Enfin, Patrice Begay se dit favorable à un crédit d’impôts pour les annonceurs pour soutenir les médias, comme Aurore Bergé (député des Yvelines et porte parole LREM) l’a proposé. « Tout cela ne sera possible que si nous travaillons main dans la main avec les pouvoirs publics et les médecins pour mettre en place de nouvelles formes sanitaires dans tous les secteurs concernés : le sport, le tourisme, le spectacle… », conclut-il. Cela va de soit.

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