Lien social, plaisir et divertissement, le digital peut-il tout remplacer ?
Aujourd’hui plus de 4,5 milliards de personnes utilisent Internet dans le monde chaque jour. Combinés aux réseaux sociaux, ces deux éléments sont devenus les sources d’occupation préférées des Français. Selon une étude publiée en janvier 2020, nous passons en moyenne plus de 5h sur le net, et plus de 3h sur les réseaux sociaux chaque jour.
Sans nul doute, le confinement n’a fait qu’augmenter ces chiffres avec des réseaux sociaux davantage plébiscités et une forte demande pour les médias d’informations. Ainsi, le temps passé devant son écran, son mobile ou son ordinateur a bondi de 46 % par rapport à avril 2019.
L’essor du digital ces dernières années est une source de nouveautés qui n’est pas sans conséquence sur les comportements et les pratiques de chaque individu. Cela représente également une opportunité pour les entreprises afin de se challenger et d’apporter de nouvelles solutions, permettant d’offrir de nouveaux moments de divertissement et de plaisir à leurs clients. Il est maintenant possible de visiter des musées en réalité virtuelle, effectuer ses achats de Noël en un clic ou bien encore binge watcher tout un tas de séries en une seule journée. De ces différentes pratiques se dégage divers profils, selon “KR media” que nous allons analyser au travers de cet article.
Le digital meilleur ennemi ?
Le confinement a instauré un nouveau mode de vie. L’hiver dernier personne ne connaissait l’application TikTok et pourtant elle est dorénavant le terrain de jeu préféré des millenials. Les sites de live streaming ont explosé, et les applications de rencontres n’ont jamais été autant utilisées. Les sources de divertissement sont variées et réagissent rapidement à la demande. Tout est à portée de bras pour celui qui reste chez soi, seulement cet accès illimité au digital ne représente-t-il pas un danger ?
En premier temps, comment parler de divertissement sans mentionner toutes les plateformes de jeux, les sites de streaming ou bien encore les divers réseaux dont nous disposons aujourd’hui. Selon “KR Media”, trois types de profils se rangent dans la catégorie du “digital addict”, pour qui, le digital est source de plaisir et de gagne temps .
Nous avons d’abord le “Get relaxed”. Adepte de Netflix, le get relaxed se divertit au travers de plateforme comme Youtube ou au travers de jeux vidéo. Ces moments de plaisir lui permettent de s’évader et de se relaxer. Nul besoin d’aller au ciné, le get relaxed se divertit depuis chez lui après avoir fait une commande uber eats (pas besoin d’aller au restaurant également). #Selfcare
Nous avons par la suite le “Get unbored”. Avec un temps d’écran supérieur à la moyenne, le get unbored se divertit en continu. Il est présent sur toutes les plateformes tendance (Facebook, Instagram, Tiktok…), s’informe via les médias en ligne, et se délasse dans les jeux présents sur son téléphone. Il ne perd pas une minute dans les transports pour dégainer le mobile de sa poche. Le digital lui permet de se divertir plus facilement, et de ne pas s’ennuyer, qu’importe l’endroit où il se trouve.
Enfin nous avons le “Multi-Task”. Un film sur l’ordinateur, une commande en ligne sur l’ipad, et l’envoi de SMS à ses ami(e)s, le multi task cherche à optimiser son temps, et ne peut se divertir qu’avec plusieurs activités simultanées. Les différents outils digitaux lui permettent de gagner du temps tout en gérant plusieurs activités à la fois.
Nous l’avons bien compris ces divers profils se complaisent dans la technologie qui leur apporte une forme de divertissement sans pareille. Cependant proposer un contenu de qualité n’est plus suffisant. Il doit être personnalisable, accessible sur n’importe quelle plateforme à n’importe quel instant mais aussi entièrement affilié aux autres expériences digitales. Le consommateur en demande toujours plus et se lasse de plus en plus vite. Une opportunité certes pour les producteurs de divertissement mais une menace pour la surconsommation et le rapport entre le réel et l’écran. Cela nous amène à parler en conséquence du type “Let’s Show”.
Le digital humanisé ?
Parmi notre entourage nous connaissons tous un “let’s show”. C’est le genre de personne qui n’hésitera pas à partager chaque moment de sa vie sur les réseaux sociaux. Souvent envié par ses ami(e)s, il s’affiche les pieds dans le sable pendant que vous êtes au bureau. Pas la peine de nous mentir, vous avez tous cet ami dans vos followers. Les réseaux sociaux sont pour lui l’opportunité de mettre en avant ses plaisirs et ses divertissements, comme source d’exemple à suivre. Il les accommode à une forme de socialisation standard. Les apps de rencontres, les messageries instantanées, les photos, remplacent les échanges de la vie quotidienne. La question est de savoir doser l’utilisation de ces plateformes. Comme nous avons pu le voir à travers notre article sur la Cancel Culture, l’utilisation des réseaux en grande quantité peut souvent avoir des répercussions néfastes. Cependant il en est une conséquence obligatoire du confinement, la restriction de nos libertés entraîne une surconsommation, il faut donc dorénavant l’utiliser à bon escient.
En effet, l’automatisation et la robotisation souvent soupçonnées de déshumaniser notre société peuvent au contraire être déclencheurs d’humanité et de valeurs plus fortes et universelles. C’est ainsi que le “Get together” fait son apparition. Les typologies “Get together » ont bondi pendant le confinement avec le désir de faire de nouvelles rencontres, tant amicales qu’amoureuses, en échangeant quotidiennement par écrit et par visio avec ses proches. Ce type de personne se divertit à travers l’échange et le partage avec les autres. C’’est celui qui se charge d’organiser un événement Facebook pour votre prochaine crémaillère, et les visios apéro chaque weekend. Son utilisation du digital prône le social en dépit de l’individualisation.
C’est ainsi que le digital révèle son effet double tranchant, il peut dorénavant être pionnier d’une envie d’évoluer de manière positive. C’est à ce moment que le dernier profil entre en jeu : le “Get Better”. La typologie “get better” a également bondi pendant le confinement avec l’envie de devenir meilleur, et ce en alliant plaisir et divertissement. Il profite d’être enfermé chez lui pour faire du sport au travers de vidéos live, tout en apprenant l’italien depuis son application mobile. Le digital lui permet alors de se surpasser et de s’enrichir plus facilement de manière ludique.
Nous constatons à travers cette étude que le digital n’est pas capable de tout remplacer, mais se place cependant comme un allié. Il faut s’adapter à son temps et aux évolutions qu’il encourt. “D’ici vingt ou cinquante ans, une pilule bleue vous permettra d’avoir des hallucinations divertissantes, et une pilule blanche vous fera retourner dans la réalité” selon le PDG de Netflix, Reed Hastings. L’objectif dans le futur est de pouvoir reproduire toutes les sensations réelles, comme le toucher ou l’odorat dans un monde virtuel. De plus, l’avenir du digital tend à accroître les expériences faites sur mesure comme on peut le voir dans beaucoup de plateformes aujourd’hui. Les acteurs du divertissement s’accordent à opérer de manière dynamique sur le marché. Nous avons pu voir au fil du temps une Intelligence Artificielle, créer une chanson, co-écrire un roman ou même prendre le statut d’influenceur sur les réseaux sociaux. La question revient finalement sur la place de l’humain dans la création brute du divertissement. Le digital remet constamment en jeu ses limites et nous en sommes les principaux acteurs. Seulement les échanges, le réel, sont indissociables d’une société qui fonctionne. Les technologies ne peuvent pas ou ne doivent pas tout remplacer.
Par Laurie Geligne, chef de projets web chez Disko